La légende du Maurice

 

Notre Côte n’est hospitalière qu’une fois à terre e t les naufrages furent nombreux de Bréhat à Batz ce qui explique la volonté de se doter rapidement de station de sauvetage maritime .

Avant cette création, les marins se sauvaient entre marins avec leur propre bateau sans hésitation quel que soit l’état de la mer

Le port de Ploumanac’h va connaître en 1896 à la période charnière de l’organisation du sauvetage un bel exemple d’engagements de ses marins pêcheurs

 

Le 18 septembre 1896, une forte  tempête drosse sur l’îlot de Costaéres un trois mats barque venant de Saint-Malo pour Cardiff : le Maurice avec sept hommes à bord. Il est commandé par le capitaine Oraine. On est toujours étonné du nombre  restreint d’hommes sur un tel navire quand il s’agit de manœuvrer autant de voiles. Cela explique aussi la difficulté d’affaler ces voiles en pleine tempête.

Ces navires qui vont chercher du charbon à Cardiff au pays de Galles sont en plus lestés à vide avec du sable qui, avec le roulis, finit par se déplacer.

C’est ce qui arrive au Maurice qui ne devient plus manœuvrable au milieu de la Manche.

Le même sable finit aussi par boucher les pompes de secours.

Au large de Trégastel, la situation étant devenue critique un canot est mis à l’eau et trois hommes de l’’équipage tentent de s’y maintenir, mais le canot se retourne et Charles Gaudin  d’Auray disparaît dans les flots tandis que ses compagnons s’agrippent tant bien que mal aux épaves.

Les quatre autres membres de l’équipage restés à bord voit le bateau au trois quarts submergé venir se drosser sur la côte nord  de Costaérés à l’entrée du chenal de Ploumanac’h. Lorsque le bateau se brise en deux, deux des survivants se jettent à l’eau pour gagner la terre ferme en utilisant les planches flottantes.

Les deux derniers rescapés restés à l’arrière du bateau sont sauvés avec difficulté par un canot  de pêcheur de Ploumana’ch.

Lors du courageux sauvetage de nuit organisé par Louis Le Goff avec son propre bateau Le Raymond et les pêcheurs locaux Mangard,  Le Goff père et fils et Ropars parviendront à sauver six des sept membres de l’équipage avec l’aide du propriétaire de l’île Abakanowitz qui venait de construire le château de Costaeres depuis quelques mois. Il récupérera le bois d’épave pour améliorer les boiseries du château.

 Les cinq  intrépides sauveteurs seront décorés de la médaille du sauvetage pour leur bravour.e La longue vue du Maurice reçue par Louis Le Goff des mains du commandant est toujours dans la famille de celui-ci.

 

 Il ne restera bientôt plus rien de l’épave mais à très grande marée dans l’endroit appelé le trou du Maurice certains affirmaient que l’ancre est toujours là.

 

Ce naufrage aura des retombées bénéfiques car cet exemple montre qu’à Ploumanac’h une station placée plus près du chenal à la pointe  serait plus efficace qu’au Linkin loin des lieux les plus dangereux. Il ne faut pas non plus oublier que la progression des canots de l’époque se faisait à la rame ,généralement avec 8 rameurs.

Le transfert définitif de la station de sauvetage n’aura lieu qu’en 1910 à Porz Kamor, Le premier canot à Ploumanac’h s’appelle le Commandant Gentil offert par sa veuve. Il est opérationnel en décembre 1912 ; Il est d’un nouveau type inchavirable de 9,80m. Il est le 113ème construit au Havre par les chantiers Augustin Normand. Tous ces bateaux pèsent en général 2,5 t.

Il se redresse en moins de 10 secondes et évacuent automatiquement l’eau emplie jusqu’aux bancs en moins de 40 s. Il restera en service jusqu’en 1932.

Son équipage comportait deux équipages dont 9 marins commandés par le patron Yves Geffroy et 9 autres commandés par le sous-patron Eugène Penhuel. La marraine est Le Bihan, propriétaire du grand hôtel de Trestraou et le parrain Eugène Le Jannou, maire de Perros-Guirec.

Motorisé en 1932, il rejoindra alors Groix.

Le 11 novembre 1932, le premier canot à moteur le Félix William Spiers  arrive à Porz Kamor la cale est rallongée de 18 m et un treuil à moteur est installé dans l’abri. Il est équipé d’un moteur Baudoin de 10 CV et armé de dix avirons.

 

 

Le même endroit aujourd’hui avec le Commandant Toutin

Pendant des années l’ancre du Maurice  a été le point de rencontre des plongeurs de la région.

Aussi la ville de Trégastel où se trouve l’îlot a longtemps entrepris des démarches  pour  exposer sur terre ce souvenir des destins souvent tragiques de nos ancêtres mais aujourd’hui l’ancre a disparu de son dernier échouage maritime.

Pourtant de nouvelles ancres ornent aujourd’hui incognito nos parterres avec élégance….l’une d’elles serait celle du Maurice