STELE HENRI STEPHAN

Initialisé en juillet 2022 par l’association  Sites et patrimoine de Trégastel avec l’association des membres de La légion d’honneur et du Souvenir français, l’hommage à Henri Stéphan  a été officialisé par la municipalité  le samedi 10 mai 2025 à 17h près de la forge du moulin à marée de Trégastel jour de la Libération finale de la Bretagne

Résistant de la première heure et évadé  à deux reprises dont la dernière fois en partant en canot breton de Trégastel vers l’Angleterre, Henri Stéphan, engagé dans les SAS sautera parmi les premiers français sur les Côtes du Nord le 6 juin 1944  et participera à la Libération de la Bretagne et des Pays-bas.

 

 

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La réplique du Sainte-Anne au centre

Son parachute avec lequel il sauta sur Duault le 5 juin 1944

En cliquanr sur G3163 ( en vert) vous aurez la bande son

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                 Discours du maire de Trégastel Xavier Martin

 

Dépot des gerbes françaises et britanniques

En cliquent sur IMG 3177 vous aurez la bande sonore

Les générations Stéphan réunies

 

 

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Le Pen sonneur Yvon le Cornec et Roger Le Doaré Président de Sites et patrimoine

 

Le fils d’Henri Stéphan et les maires de Perrros-Guirec et de Trégastel

 

              

 L’Odyssée d’Henri Stéphan

En relatant l’histoire des côtes trégorroises dans la tourmente de 39-45, j’ai découvert de nombreux oublis dans le signalement des Résistants qui avaient survécus à ces évènements car l’Histoire préfère toujours ses héros morts que vivants.

Ainsi Henri Stéphan aurait été célébré dignement dès la Libération s’il n’avait pas survécu, Heureusement pour lui, sa famille et pour nous aujourd’hui, c’est pourtant sa vie de combattant de 1942 à 1945 qui sont ses plus belles pages de gloire. Peu de temps avant sa mort, non comme un testament mais pour rappeler son épopée il nous a laissé un enregistrement sonore que je vais essayer de résumer aujourd’hui pour lui rendre hommage en ce jour des 80 ans de la Libération finale de la Bretagne le 10 mai 1945 qu’il avait débuté le 5 juin 1944

Son entrée dans l’histoire commence en juin 1939 où il effectue son service militaire qui dure alors deux ans dans le transport appelé train, à Vannes. Mais un an plus tard comme dans toute la Bretagne, les troupes allemandes sont déjà là, surprises elles-mêmes de leur avancée fulgurante et démunies devant le nombre des prisonniers militaires à garder : plus d’1,5 million de Dunkerque à Brest

Prisonniers sur parole, chacun se demande la conduite à adopter : fuir avec les représailles qui ne manqueraient pas d’endeuiller les familles et les compagnons ou attendre une libération rapide dans les accords d’armistice.

En fait les Allemands vont construire rapidement en Allemagne et en Autriche des camps (oflag et stalag) pour utiliser au mieux cette main jeune et d’œuvre bon marché…

Après un an d’attente Henri se retrouve dans un train en partance pour le stalag XIII C vers Salzbourg en Autriche non pas dans les mines de sel mais dans la construction d’un canal dans des conditions de vie supportable mais avec comme idée principale : l’évasion. Il commence par doubler en habit civil sa capote de prisonnier portant les lettres KG (Krieg gefangener : prisonnier de guerre).

Mais l’Autriche n’est pas le pays le plus proche pour une évasion vers la France et il préfère attendre. En juillet 1942 on lui propose un travail dans la Ruhr dans un stalag spécialisé dans la construction légère.  A partir de Duisburg , encadré il peut élaborer son évasion vers France par la Hollande et la Belgique. Par tram, train et de longues marches à pied, souvent hébergé par des missions catholiques il parvient à rejoindre un de ses frères à Paris avec beaucoup d’audace, de courage et un moral indéfectible malgré les nombreux contrôles. Un jour il devra dans le train présenter ses papiers. L’Allemand ne retournera pas la pièce où était indiqué au verso prisonnier de guerre.

Il repartira ensuite discrètement vers Marseille en zone libre pour poursuivre ses études de droit. Mais en novembre 1942, les Allemands envahissent cette zone. Il fuit de nouveau mais cette fois vers la Bretagne à Lannion où habitent ses parents (son père étant notaire).

Dès la fin de l’hiver 1942 il tourne vraiment en rond et quelques échappées vers la maison sur la côte à Trégastel lui donnent l’idée fin avril de gréer un canoé kayak et bientôt on le retrouve au large des sept îles où il prend conscience de la difficulté d’une évasion par la mer.

Il mettra moins d’un mois à concevoir un plan B avec un robuste canot breton le Sainte-Anne qu’il emprunte dans le port de Ploumanac’h, après avoir laissé une lettre pour prévenir ses parents et aussi le propriétaire éventuel du canot.

Nous voici donc aujourd’hui au point de départ de sa troisième évasion avec en face de vous la réplique de son canot breton, cette fois aimablement prêté par Bertrand Quéré que nous remercions.

De nuit ce 21 mai 1943 il passe sous la guérite de Ker Caouet où il perd une rame mais cela ne l’empêche pas de poursuivre à la godille, comme seul un Breton sait le faire.

Il parvient ainsi au large des Sept îles où il peut mettre sa voile en complément de sa godille qui lui servira par calme plat. Après 50 heures de traversée ce qui est déjà un exploit, il parvient à rejoindre sans trop de difficultés les côtes du Devon en ayant su éviter le piège mortel des îles Anglo-normandes, allemandes à cette époque.

Reçu d’une façon courtoise mais cependant suspicieuse, il est envoyé après trois jours d’interrogatoire à la Patriotique School de Londres où sont regroupés tous les étrangers qui comme lui ont fui leur pays et désirent s’engager.

Après avoir prouvé son patriotisme, les Anglais lui proposent de rejoindre les Français libres  du Général De gaulle ou de s’engager dans les SAS (Special air service) comme chasseur parachutiste. Deux bataillons ont déjà été créés en 1941 par les parachutistes anglais puis  Français libres, en Afrique du nord avec l’autorisation de Général de gaulle.

Les Anglais lui promettent d’être largué en France dans les premiers, avec les deux nouveaux bataillons français récemment créés.

. Ainsi  après un difficile et dangereux entrainement de chasseurs parachutiste en Ecosse  à  Largo sous la coupe des Polonais libres et des Britanniques et une très longue attente, Henri est prêt le 4 juin 1944 pour sa mission. En raison du mauvais temps, c’est le lendemain avec bonheur et surprise qu’il part sauter sur la Bretagne à Duault dans ses Côtes du nord .

Il sera ainsi l’un des premiers 48 Français à toucher le sol de France le 6 juin 1944 aux aurores, juste avant les autres français du commando Kieffer sur la plage de Ouistream.

Pendant les semaines qui suivent, après d’âpres combats auprès des Résistants de Saint Marcel, ils libèrent le Morbihan puis Saint Brieuc et font la jonction avec les Américains qui sont à Rennes depuis le 4 août.

La Libération totale de l’Europe est encore loin, les Allemands résistent dans les Ardennes et aux Pays-Bas.

En avril il repart avec son bataillon vers la Hollande (opération Amherst) où il est distingué pour toutes ces actions par de hautes décorations françaises et étrangères dont   la Légion d’honneur  au grade d’ officier, la Military  cross britannique, la Krijg te land hollandaise. Son régiment sera aussi cité à l’ordre de la Libération.

Le canot emprunté à M. le Bouffant sera restitué par les Anglais après la guerre.

Henri arrêtera là sa carrière militaire à la Libération mais restera un haut fonctionnaire de l’Etat quelques années en Afrique avant d’exercer en France sa profession de magistrat.

Décédé en octobre 1987, Henri sera enterré au cimetière de Trégastel face à la mer.

Merci de vous  souvenir aujourd’hui de son épopée.

 

 

 

 

 

       

 

 

 

 

 

   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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           La Patriotic school (école de sélection des étrangers volontaires poue les SAS)

Les premiers saut de la tour  en écosse

 

 

 

 

 

 

 

 

L’entrainement au parachutisme à Ringway vers Manchester

à

 

 

 

 

 

En fait dans la réalité ils sautaient alors d’une trappe à la queue de l’avion

 Le Whitteley pour l’entrainement au parachutisme

 des SAS

 

                        Avant le grand départ en juin 1944

Stéphan au premier plan avec les maquisards de Duault et SAS

 

 Le Short Stirling utilisé par les SAS en 1944

 

 

 

 

 

 

 

           Le commandant Bourgoin(chef des SAS français)

 

   Surnommé « le Manchot » après avoir été blessé des dizaines de fois dans les campagnes d’Afrique, Bourgoin est promu commandant. En novembre 1943, il prend, à la suite de Pierre Fourcaud, le commandement du 4e régiment du Special Air Service, le 4e Bataillon d’Infanterie de l’Air, une unité française de 500 hommes qui deviendra en 1944 le 2e régiment de chasseurs parachutistes. Il entraîne son régiment en Angleterre, puis en Écosse en vue du débarquement en Europe. En avril 1944, il rencontre le maréchal britannique Bernard Montgomery qui passe en revue les deux régiments SAS français : le 3e, commandé par le capitaine Chateau-Jobert et le 4e.

   À partir de la nuit du 5 au 6 juin 1944, son régiment est envoyé en Bretagne lors des opérations de la bataille de Normandie afin d’y fixer les troupes allemandes présentes : ce sont les opérations SAS en Bretagne. Lui-même est parachuté, malgré son handicap, avec un parachute bleu-blanc-rouge, cadeau des Anglais, dans la nuit du 10 au 11 juin, dans le Morbihan, à côté de Saint-Marcel, avec son état-major et une compagnie. Il y rejoint ses hommes qui encadrent déjà les résistants. (opération Dingson)

 

 

 

        Les insignes des troupes aériennes des Français libre

 

 

 insigne de manche des SAS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Henri Stéphan en 1945

 Arrestations des Allemands en Bretagne par les SAS français

 

Henri Stéphan en tenue de campagneSAS

 

En grande tenue    

Avec ses décorations

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

      La campagne de Hollande printemps 1945

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

  

 Parachutistes français des SAS photographiés en Angleterre à la veille de leur largage dans la nuit du 7 au 8 avril 1945 en Holland (opération Amherst).

 

 

 

 

 

 

 

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                                  Retour en Angleterre

 

   Henri Stéphan et M. Le Bouffant dans le Sainte-Anne

 

 

 

 

La remise de la Légion d’honneur

 

 

 

 

 

      

 

            Etat de Services de Henri Stéphan

 

Médailles militaires françaises :

Légion d’honneur (officier)

Médaille Militaire

Croix de guerre : 4 citations 2 à l’ordre de l’armée, 2 à l’ordre du corps d’Armée

Croix de la valeur militaire

Médaille des évadés

Médaille de la France Libre

Croix de combattant volontaire de la Résistance

 

Décorations étrangères :

Military Cross (Angleterre)

Croix de guerre commémorative avec boucle « Krijg te land 1940-1945 « Hollande »

 

Grade : lieutenant parachutiste de Forces françaises libres

A appartenu au 2ème régiment des chasseurs parachutistes de l’armée de l’air avec autorisation d’arborer les ailes S.A.S   ( Spécial Air Service) sur la poitrine, signe de récompense pour la vaillance montrée au cours des opérations Bretagne Hollande  : formation d’élite qui sous les ordres du Colonel Bourgoin a eu l’insigne honneur d’être la première unité française à combattre sur le sol français après le parachutage sur la Bretagne au cours du mois de juin 1944. Le Général De Gaulle décerna la croix de la Libération à ce régiment et ce en date du 25/10/1944