La chapelle Sainte-Anne des rochers
L’origine de Trégastel se situe sans doute aux environs de Langastel où un petit monastère, aujourd’hui disparu avoisinait un sanctuaire plus ancien situé sans doute à l’emplacement de la Chapelle Sainte-Anne sous le fortin antique de Coz-Castel.
Le dolmen du néolithique a aujourd’hui disparu mais la stèle celtique de l’âge du bronze signalant l’emplacement d’un champ d’urnes cinéraires se situait dans l’espace vide à droite de la chapelle dans la parcelle appelée Liors ar pelven ( le jardin de la pierre pilier).
Elle est aujourd’hui exposée dans la mairie.
La chapelle en 1911
La construction de cette chapelle date de 1635, par la volonté du troisième fils de Claude de Lannion, Jean, courageux lieutenant de la maréchaussée de Bretagne dont les exploits ont fait l’objet d’une guerz épique. Louis XIII le récompensa en le nommant capitaine du ban et arrière ban de l’évêché de Tréguier. Le reliquaire de son crâne repose aujourd’hui dans la chapelle de Kermaria an Isquit en Plouha. Le culte de Sainte-Anne, associé à celui de la déesse celte Anna a toujours été très fort en Bretagne. Il semble que le clergé catholique ait encouragé cette éponymie. De nombreuses chapelles et églises dédiées à Sainte-Anne dont Sainte-Anne d’Auray fleuriront sous le règne de Louis XIII. Jean des Aubray sera à lui seul le fondateur de deux autres chapelles.
La chapelle Sainte-Anne de 1636 va être délaissée après la Révolution du fait de l’importance du bourg et du transfert du cimetière. Elle est souvent utilisée par les marins pour assembler leurs voiles sur le sol dépourvu alors de chaises.
L’arrivée des touristes et des ecclésiastiques au Castel Sainte-Anne aurait pu à partir de 1886 revitaliser ce lieu de culte voisin mais une chapelle est aménagée au Castel, d’abord dans une salle de réception, puis l’architecte Paul Courcoux construit en 1925 la chapelle actuelle, aujourd’hui désacralisée. Pourtant une estivante, Mme Pitet, qui va s’implanter durablement, elle et sa famille à Trégastel fait un don pour remettre en état l’enclos ou au moins son portail, elle sera aussi la marraine donatrice d’une cloche du bourg après la réhabilitation du clocher en 1925.
La taille du mur et la hauteur du calvaire de 1638 indique la présence du cimetière de la frairie de Sainte-Anne dans cet enclos. Sans doute certaines inhumations ont aussi eu lieu dans la chapelle avant l’édit de Louis XIV en 1664 promulgué pour des raisons sanitaires qui interdit cette pratique au moins pour le commun des mortels.
La croix de 1638 (offerte par la famille Kerodren, sic) dont il ne reste aujourd’hui que le socle sera déplacée vers le sud de l’enclos après la première Guerre.
Elle sera une nouvelle fois déplacée et raccourcie, lorsque, en 1928 la chapelle est redessinée avec un transept par l’architecte Auguste Courcoux tandis que l’entrepreneur Aubert, alors Maire de Trégastel, trouve à Keravel un bâtiment de ferme en ruine qui lui apportera les pierres dont la qualité fait encore aujourd’hui le charme de cet agrandissement.
En 1933, la fréquentation croissante de la chapelle par les estivants, nécessite un agrandissement vers l’est avec la création d’une sacristie. Les traces de l’ancien cimetière seront ainsi mises à jour de façon irréfutable. Une colonne d’un sanctuaire plus ancien découverte lors des travaux est réutilisée dans le calvaire du croisement de la route de Lannion près du bourg.
L’enclos est abandonné.
Ces lieux restent ainsi jusqu’à la deuxième Guerre avant qu’un soldat allemand éméché ne brise en le renversant le petit calvaire, le laissant décapité pendant de longues années.
En 1952, le conseil municipal décide de remédier à ce manque en ramenant une petite croix de talus trouvée à Tropéric et de la placer sur le socle de 1638 ; croix qui ressemble d’ailleurs étrangement à celle disparue dans les années 40…
Le christ de gauche provient de la croix du sommet du calvaire de l’abbé Bouget détruit par la foudre vers 1912.
Dès l’an 2000, le conseil municipal envisage de reproduire l’enclos initial de la chapelle en utilisant les pierres de l’ancien manoir de Rochlouarn.
Sur un des rochers de l’enclos a été apposé en 1937, le médaillon en bronze de Léon Durocher, poète et chansonnier amoureux et résident de Trégastel auprès de son ami Charles Le Goffic .
En 2013 pour le 150ème anniversaire de la naissance de Charles Le Goffic, l’association Sites et patrimoine de Trégastel et l’ARSSAT de Lannion s’associeront à la famille pour apposer une plaque sur l’un des rochers (voir actions récentes).
Comme l’indiquent la hauteur des murs de l’enclos et la croix (1638), le cimetière de la frairie de Langastel se trouvait à cet endroit. La croix s’est déplacée au fil des temps vers le sud de la chapelle. Il reste la base et son sommet après maintes péripéties.
Entre les deux guerres, la croix raccourcie de 1938 est alors au sud
Cette photo injustement colorisée après guerre montre la croix décapitée par fait de guerre mais rejointe par le christ du calvaire du bourg victime de la foudre dans les années vers 1912.
La croix retrouvée en 1952 a enfin rejoint son socle
La chapelle a désormais son enclos comme au début du siècle.
Ses pierres viennent du vieux manoir de Rochlouarn en Trégastel
La chapelle l’hiver