Ce circuit fait partie des lieux mythiques de Trégastel-Perros-Guirec. Conseillé avec un guide pendant la saison d’été en partant du moulin à marée, il peut aussi être parcouru pour le plaisir individuellement à condition de ne pas passer trop vite à côté des curiosités de la vallée
Pour les botanistes il existe en effet plus d’une cinquantaine d’espèces différentes, dont la fougère osmonde royale qui a l’âge de la dernière formation de granite, il y a 300 millions d’années. On peut aussi trouver le géranium primitif ancêtre de tous nos géraniums.
Autrefois pelée ou en prairies, la vallée a retrouvé sa forêt primitive de hêtres de chênes et de châtaigner depuis que l’homme utilise un autre combustible que le bois pour cuire sa nourriture et se chauffer.
Il existe sept entrées et donc sept sorties pour visiter ce site incontournable. (Certaines peuvent être fermées périodiquement par le Conseil général qui entretient les lieux pour permettre aux sites de se régénérer)
Le circuit proposé qui suit ce précepte permet de visiter en une seule randonnée l’ensemble des sites remarquables. En forme de huit il peut aussi être réalisé en deux boucles différées dans le temps. Néanmoins l’ensemble du circuit ne dépasse pas 2h30.
L’entrée par tro peric (la vallée de Pierre)
Ce petit hameau résume à lui seul l’architecture des masures trégastelloises à l’époque de la révolution en faisant abstraction des toits de chaume remplacés par l’ardoise la tuile anglaise ou normande à partir du XIXème siècle. La croix de la peste déjà décrite précédemment rappelle l’origine très ancienne de ce hameau.
En choisissant l’entrée par Tropéric, c’est aussi utiliser l’unique voie ancienne qui unissait La Clarté au bourg jusqu’en 1922 avant l’ouverturede la Corniche. (1)
Elle n’a que très peu évolué depuis cette date.
Chemin de Tropéric permettant d’accéder à la Clarté depuis le bourg de Trégastel
En bas de la côte, la randonnée passe sur une pierre tombale qui permet d’entrer en Perros Guirec en enjambant le Kerougant. C’est ce petit ruisseau qui met le château de Costaeres en Trégastel. L’utilisation d’une pierre tombale peut paraître choquante mais durant des années les tombes n’étant pas à concession perpétuelle, la famille reprenait ou revendait les pierres tombales. On en ainsi trouve souvent en seuil de porte. Celle –ci datant de 1833 avait été récupérée par la municipalité après la fermeture du cimetière autour de l’église vers 1950. En aval de la pierre se trouvait également le lavoir municipal de Tropéric d’où il reste quelques pierres.
Pont de pierre au dessus du Kerrougant limite des deux communes
Le circuit suit ensuite le Kerougant par la gauche à travers les chaos granitiques. Parfois le ruisseau plus torrentueux autrefois laisse des marques de cascades anciennes ou de marmites creusées par la rotation d’un galet piégé dans une aspérité.
A droite après une centaine de mètres dans la vallée un chène- chataigner rappelle l’histoire de Philémon et Baucis.
En continuant une grotte imposante évoque le rôle troglodyte des chaos granitiques. Aménagée en écurie, celle-ci fut utilisée pendant la dernière guerre pour cacher les chevaux. Il est dit qu’elle resta ensuite le lieu des rendez-vous galants trégastellois. Elle porte aussi le nom de grotte des contrebandiers mais plusieurs grottes ont eu pendant des siècles la même vocation dissimulatrice comme le prouvent certaines trouvailles non réclamées.
Après la grotte la vallée s’élargie et l’entrée du soleil fait de cet endroit un extraordinaire jardin botanique à contempler sans modération en silence pour entendre tous les bruits des lieux. C’est la pépinière des osmondes royales fougères vieilles de 300 millions d’années comme le granit qui l’entoure. En été les frondes issues du même pied porte côte à côte des feuilles stériles et des feuilles à sporanges fertiles qui font penser à une inflorescence qui lui donne parfois le nom inapproprié de fougère fleurie mais permet de la reconnaître.
La promenade atteint ensuite la retenue du moulin à eau de Lost Logoden (la queue de souris : sans doute à cause de la forme de l’étang et du moulin ensuite sur le bief.
La vallée de gauche avec ses deux retenues eau et merà la Révolution et celle de droite avec la retenue d’eau du moulin à eau du Randreuz. Le moulin à mer de Ploumanach n’existe plus à cette période avant de renaître de ses cendres vers 1830.
Ce bief suit la falaise côté Trégastel à mi-hauteur pour se terminer sur la roue du moulin.
La vallée vers 1900, à gauche le moulin déjà en ruine
Ce moulin n’a jamais eu bonne réputation Appelé aussi le moulin du diable et assorti de plusieurs légende, il cessa plus tôt que les autres son activité de meulière, mais la création de la carrière permit d’utiliser l’eau à d’autres escients en particuliers pour scier le granite grâce à une chaine mue et refroidie par la force de l’eau. De cette carrière Etienne sortira les sarcophages de Douaumont. Ce moulin est aujourd’hui en zone privé.
Il faut donc remonter vers la route de Randreuz où on peut contempler vers l’est la deuxième vallée et dans le lointain La Clarté et ses carrières de granit rose dont vient la croix de Colombey. (8)
En longeant la route vers le sud pour trouver l’entrée suivante de la vallée, on s’aperçoit que les arbres n’essayent pas de dominer cette vallée une fois le soleil en vue, préférant rester à l’abri du vent et ont pratiquement tous la même hauteur. Après 150 mètres environ en quittant Randreuz, comme l’indique le panneau routier, sur la route goudronnée après une petite côte, une entrée discrète sur la droite ( sans panneau)ramène vers le fond de la vallée à travers la grotte du lépreux. Des marches en bois vous signale que vous êtes sur la bonne voie.
Si vous ratez cette entrée, l’entrée suivante au panneau ramène également au fond de la vallée .Cette grotte occupée à une époque reculée par un certain Yan ar Pronz présente encore quelques vestiges de la vie de celui que l’on a pris sans doute pour un lépreux pour expliquer son ermitage, comme une auge creusée dans le granit où l’on déposait de la nourriture pour le reclus.
Revenu à la pierre tombale, on peut envisager d’entamer la deuxième boucle par la gauche. Si la vallée est moins encaissée, certaines falaises et chaos rendent ce circuit aussi attrayant.
Il est aussi moins fréquenté, mais se termine par une prouesse technique : un pont roulant sur des piliers de granit de la fin du début du XXème siècle de la carrière David toujours visible et impressionnant.
La partie d’excavation est en partie noyée aujourd’hui. Dans la remontée à gauche un petit bâtiment de vie est noyé dans le lierre. C’était sans doute la forge de la carrière élément essentiel de la taille du granit.
On peut alors ressortir sur la route goudronnée de Kergomar ou revenir sur ses pas.