La baie de Kerlavos résume a elle seule l’histoire de Trégastel.
Ancienne forêt de chênes sur une tourbière, cet aber a subit depuis des millénaires, comme la baie de Sainte-Anne les variations de la mer.
Sa première occupation, il y a plus de 10 000 ans est corroborée par la présence d’un atelier de silex près de l’île Tanguy à une époque où on pouvait aller à pied aux Sept îles.
Vers 3000 ans avant notre ère la mer étant revenue, les hommes se replient vers le rivage actuel . Des tombes du néolitique bordent la partie est du rivage . Le parcellaire indique : Creyen ar lia, Prat nevoe, Park ar Pelven ‘’tertre de l’allée couverte, pré sacré, champ clos du menhir’’ Leurs descendants , se sont mis à produire du sel grâce à l’évaporation de l’eau de mer dans de petits récipients chauffés sur un foyer grâce au bois de chên. L’organisation de cette industrie, dès le premier siècle de notre ère a fait se sédentariser à cet endroit des groupes de bouilleurs de sel à Landrellec et Kerlavos qui par la suite pour se protéger des envahisseurs, ont construit des fortifications, prémices des mottes castrales mais sans doute déjà constituées de fossés et de palissades.La forêt de chènes proche leur fournit le combustible.
Pourtant vers 4300 avant notre ère, la mer envahie momentanément ou durablement la baie de Kerlavos, le paysage ne changera guère sans doute jusqu’à nos jours.
Les chènes abattus par la mer 2300 avant JC (datation carbone 14)
Le site actuel du Cosker à proximité de la fabrique de sel du rivage correspond à ce réduit défensif. Le vieux nom celtique de Coz Kaer évoque déjà à lui seul un rôle assimilable à Coz Kastell. Cependant il semble que le Cosker n’ait eu par la suite qu’un rôle de ferme alors que le seigneur de l’époque s’éloigne déjà du rivage pour construire la manoir de Kerlavos, siège des Pontevein. La descendance de ce châtelain équipera la baie d’ un moulin à vent, de pêcheries ( parcelle de gorastel) et de rouissoirs à lin et à chanvre( coz stanko)
Le site du cosker qui ressemble étrangement à une motte féodale et le moulin de Kerlavos en face
Le Manoir de Kerlavos reconstitué
La baie de Kerlavos avec son moulin reconstitué
Manoir de Kerlavos dans les années 60
Quand viendra l’exploitation du granit, la baie de Kerlavos fournira pavés et trottoirs pour les agglomérations normandes et franciliennes jusqu’aux années 60. Carrière Mayer.
Pendant la guerre ce sera le sable de la carrière de Toul Bihan qui permettra la construction en autre de l’aérodrome de Lannion-Servel. La base du radar allemand de Wursburg-riese du panorama de Trégastel sera utilisé comme grue dans la carrière Mayer dès 1947.
Ce beau site sera malheureusement par trois fois pollué par les marées noires. Il fait aujourd’hui partie de Natura 2000 et des espaces remarquables particulièrement suivis par l’association Sites et patrimoine qui en 2000 a obtenu de la municipalité l’établissement d’un chemin du littoral pour faire découvrir faune et flore aux randonneurs.